LE BOCAGE CITADIN : ENTRE VILLE ET CAMPAGNE


D’ici quelques années, le projet d’ensemble du Bocage Citadin formera la nouvelle lisière de Chantepie. Notre projet pour le maxilot 4 a pour but de créer une nouvelle identité de quartier conciliant identités périurbaine et rurale. Pour nourrir l’imaginaire de ce projet, nous puisons notre inspiration dans l’observation du « déjà-là » et d’une activité agricole très vive sur la commune. La force de notre projet découle de notre compréhension du site, de notre observation de l’architecture vernaculaire et de notre prise de conscience de l’évolution des usages de la ville. Notre projet urbain, architectural et paysager marque donc une rupture avec une histoire « moderne » des ensembles de logements collectifs, et de l’étalement pavillonnaire qui en est le contrepoint. Notre objectif est de créer un nouvel habitat, à la fois contemporain et rural, créant une parenthèse, un espace préservé dans le paysage périurbain.

DES FORMES ARCHITECTURALES VARIÉES OFFRANT DIFFÉRENTS MODES D’HABITER

Notre équipe a pour ambition de trouver une unité architecturale et paysagère à l’ensemble du maxilot. Cette unité n’est cependant pas synonyme d’homogénéité
et de monotonie. Notre première lecture du site nous amène à distinguer plusieurs « situations » propres au site. Les typologies de bâtiments se déclinent
donc au regard de ces « situations » : locaux communs, logements individuels, intermédiaires et collectifs.

L’îlot « central » (PB10ABC) et la « grange à partager »

Cet îlot est la pièce centrale du maxilot. Il se caractérise par une variété de typologies de bâtiments créant une grande variété d’épannelages. Des bâtiments de logements collectifs bornent trois des quatre angles de l’îlot à l’alignement, reproduisant une implantation traditionnelle du bâti agricole et rural en limite séparative, dans le prolongement des haies bocagères. Les rez-de-chaussée des bâtiments collectifs des lots PB10A et PB10B sont surélevés afin d’accueillir des logements. Le rez-de-chaussée du bâtiment collectif du PB10C est occupé par des locaux d’activités, profitant d’une bonne visibilité à l’angle avec la liaison douce. Ces bâtiments affirment une volumétrie de référence en R+2, surmontée de parties ponctuellement plus haute, en R+3 et R+4.
Le reste des logements est intégré dans des bâtiments intermédiaires de logements superposés ceinturant l’îlot. Leur recul par rapport aux voies permet l’implantation de logements à rez-de-chaussée. Une grande attention est portée à la création d’un « front de rue » recréant un alignement grâce à l’implantation de murets faisant écho aux murs de clôture traditionnels. Les nombreux accès à rez-de-chaussée animent les voies de desserte. Ces logements accessibles depuis le rez-de-chaussée sont en duplex leur conférant toutes les qualités d’une maison individuelle. Une coursive au R+2 distribue les logements superposés, comme des maisons dans le ciel. En simplex ou en duplex, ils créent un registre haut diversifié. Les implantations périphériques des bâtiments dégagent un espace très généreux pour le jardin de fraicheur en cœur d’îlot. Ce jardin est complété par l’espace couvert de la « grange à partager », qui doit devenir lieu de pratiques collectives à l’échelle du maxilot, irradiant l’ensemble du quartier. La grange est une forme architecturale à l’identité forte, ancrée dans le territoire et convoquant la mémoire collective. La « grange à partager » implantée au cœur de l’opération sert de support au développement d’une véritable « culture habitante », en accueillant des activités collectives (marché, ateliers de jardinage, « terre-lieu », atelier vélo, chantier pédagogique, etc).

A travers cette notion de «culture habitante» nous souhaitons poser la question des formes de voisinage auxquelles nous aspirons et d’inciter les habitants à étendre leur sphère d’influence privée vers le domaine public. Pour amplifier cette dimension collective du cœur d’îlot nous y implantons également deux « cabanons des jardiniers » accueillant du matériel mais aussi des stationnements vélos. En cœur d’îlot, un petit bâtiment vient s’implanter perpendiculairement à la liaison douce et en vis-à-vis de la grange. Ce bâtiment hybride intègre des logements superposés sur sa partie la plus à l’est et deux maisons individuelles du côté du cœur d’îlot.

Les rives du Blosne (PB9 et PB10pk)

Cette partie sud du site nous semble propice à l’implantation de maisons individuelles, au nombre de huit. Adressées au nord, leurs accès participent à l’animation du paysage de la rue. De la même manière que pour les logements intermédiaires sur le lot PB10 de l’autre côté de la voie, l’implantation de murets (et de petits locaux vélos privatifs) créé un « front de rue » comme un seuil d’entrée dans les parcelles individuelles. Les maisons bénéficient de généreux jardins au sud donnant sur les rives du Blosne. La création d’une poche de stationnement transversale entre les deux lots crée des vues depuis la rue vers le ruisseau.


La proue urbaine (PB11).

Cet îlot triangulaire nous semble avoir une certaine autonomie dans le plan d’ensemble. Il bénéficie de vues dégagées de tous les côtés. Il accueille une typologie de logements collectifs innovants (BRS Aiguillon) dans deux bâtiments relativement compacts et urbains. Le bâtiment le plus au nord fonctionne avec des coursives offrant 100% de logements traversants. Le bâtiment le plus au sud, orienté est/ouest fonctionne de façon plus traditionnelle avec un dégagement desservant des logements orientés est ou ouest, ou traversant. Tous les logements sont prolongés de généreux espaces extérieurs cadrant des vues vers le cœur d’îlot. Le bâtiment le plus au sud occupe une place d’accroche urbaine sur la place du  Blosne et sert de repère d’entrée de ville. Le corridor de biodiversité ouest-est se prolonge entre ces deux bâtiments vers le « parc de l’eau » à l’ouest.

Images : LotoArchilab

Illustrations : Florent Lavigne (Petit Oeuvre)