Contextes et intentions

Le projet s’établit sur la parcelle S26 qui clôt la Zac Saint Martin-du-Touch sur sa partie sud. Au sud-est du terrain, l’impasse des mûriers marque la fin du nouveau quartier. Préservée de la densification urbaine, cette voirie plantée d’arbres centenaires dessert quelques bâtiments, dont l’école la Boétie, un atelier de fabrique de bijoux et les bureaux d’une coopérative forestière. Au sud-ouest, un bassin de rétention paysager jouxte la parcelle, tandis qu’au nord-ouest, le mail piéton qui traverse la Zac se
transforme en square sur sa dernière portion. De part et d’autre, ces deux aménagements produisent des respirations bienvenues et permettent de proposer aux passants des vues vers le cœur d’îlot de l’opération, et aux habitants, des vues vers le grand paysage. Enfin, au nord-ouest au contact de l’îlot S23, la rue André Turcat développe un linéaire bâti imposant qui la dote d’un caractère plus urbain.


Assumer un épannelage contrasté pour libérer le sol et l’espace

Sur la rue André Turcat, la volumétrie offre des respirations à la voirie en créant une faille entourée d’un bâti en R+4 et marque également les deux angles nord et est de la parcelle, que mettent en valeur le dégagement du mail piéton et du bassin de rétention. La faille s’établit en quinconce de celle de la parcelle S23 pour limiter les vis-à-vis entre bâtiments. La compacité des deux
bâtiments collectifs et ses émergences en R+6 libèrent un maximum de linéaire sur la façade sud-est et ouvrent ainsi largement le cœur d’îlot sur le bassin de rétention.

Sur l’impasse des mûriers, les logements intermédiaires s’organisent en une bande continue qui se déforme pour absorber les irrégularités de la parcelle. Là, l’épannelage varie entre le R+1 et le R+3, les faibles hauteurs permettant de maintenir une porosité visuelle depuis l’entrée principale de l’opération vers le paysage arrière de l’impasse des mûriers.

Compacter le stationnement pour un sol plus perméable

L’entrée du parking se fait depuis l’angle est de la parcelle. Par un traitement architectural similaire à
celui des clôtures de limites séparatives, la rampe s’intègre discrètement au bâti et disparaît rapidement de la vision du passant pour s’enfoncer en sous-sol où elle donne accès à 94 places de stationnement. En déployant les places sur deux niveaux, le projet limite l’étalement de l’infrastructure et libère ainsi un espace de pleine terre de 1350 m², soit 40 % de la parcelle.


Un paysage de seuils pour animer le cœur d’îlot

Le principal accès piéton à la parcelle s’effectue par la faille de la rue André Turcat. Là, les habitants
rejoignent leur logement en passant par le cœur d’îlot et en empruntant les escaliers extérieurs protégés qui participent à animer les façades intérieures de l’opération. Deux accès secondaires le complètent : le premier s’ouvre sur le bassin de rétention et le deuxième depuis l’angle ouest de la parcelle, et permettent respectivement aux enfants de l’école d’accéder aux espaces pédagogiques qu’offre le potager partagé et aux passants de rejoindre le mail piéton depuis le sud est.


Les pièces-paliers

Dans les bâtiments collectifs, de généreux paliers servent d’extensions partagées au logement : c’est le lieu où les habitants d’un même étage peuvent former une petite unité de voisinage, où ils peuvent garer leur vélo au plus proche de chez eux et où leurs enfants peuvent jouer ensemble en toute sécurité. Protégés de la pluie, mais ouverts sur l’extérieur, ces paliers ramènent dans le logement collectif les qualités du logement intermédiaire : le passage de l’espace bâti à celui intime du logement est progressif et les espaces parcourus appellent à l’invention de nouveaux usages. Cette ambition de penser des espaces entre la rue et le chez-soi s’illustre aussi dans la partition intérieure de certains T3 qui possèdent une entrée séparant une pièce de l’espace intime du foyer. À cet endroit équipé d’un cabinet de toilette, un membre du foyer peut, quotidiennement ou occasionnellement, travailler.

La matérialité du projet illustre un rapport cohérent aux autres bâtiments de la Zac. Il décline des teintes claires et propose un bâtiment quasiment monochrome qui préfère trouver sa richesse dans la variété de ses textures que dans celle de ses couleurs. Dans les logements collectifs, la brique, tantôt mate, tantôt vernissée habille les bandeaux horizontaux pour en souligner le dessin. Légèrement en retrait, le reste de la façade est traité à l’enduit à la chaux. En certains endroits, protégés des intempéries, le bois apparaît, comme dans les sous-faces des loggias. Enfin, le bâtiment poursuit le travail du mur en gabion sur le mail en proposant un remplissage issu de briques de récupération. Pour leur part, les logements intermédiaires suivent la même écriture
architecturale, mais utilisent ces éléments à l’échelle de leur programme. Le bois structurel apparaît notamment dans les éléments des balcons. Partout, le bâtiment établit un lien entre ses parties maçonnées et le traitement de ses garde-corps puisque des jardinières servent d’allèges basses aux loggias et balcons.

Illustration : Jack Truffo
Perspectives : lotoarchilab